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24.05.24

La Chambre du Roi

La Chambre du Roi

Au Moyen Âge, la chambre du roi représente une partie importante de la résidence royale. En effet, c'est dans cette pièce que le roi exerce ses fonctions administratives et gouvernementales et que le monarque reçoit ses conseillers et ses ministres afin de traiter les affaires du Royaume. Entouré de ses conseils, le roi y prend des décisions politiques importantes et tient régulièrement les audiences royales, recevant ainsi directement ses sujets. Pièce hautement sensible car conservant physiquement les chartes, les lois et les traités, en somme tous les documents officiels, la chambre du roi est le théâtre de cérémonies et de réceptions de grande ampleur. Le roi y reçoit les ambassadeurs étrangers, les personnalités importantes et les nobles visiteurs. Cette chambre se distingue de la chambre à coucher Royale selon les différentes résidences et selon les époques.

Usage amorcé par Henri III dans la seconde moitié du XVIe siècle, l'étiquette est un ensemble de normes définissant le respect des rangs de la noblesse à la Cour à travers un cérémonial précis que Louis XIV enrichit d'une observation quotidienne stricte. La chambre du roi prend une part importante de ce cérémonial de Cour organisé autour de la vie du monarque. Comble de cette théâtralisation de la vie à Versailles, l'existence de deux chambres royales, l’une de parade et l’autre à coucher, oblige le roi et sa Cour à un double cérémonial quotidien. Plusieurs fois déplacée au sein de ce vaste palais royal, la chambre du roi finit par prendre place en 1701 au centre même des 2300 pièces qui le composent. Pièce la plus symbolique de l’appartement royal, la chambre sert ainsi à des moments précis de la journée : le roi y tient les cérémonies du « lever » et du « coucher », y dîne à son « petit couvert. » Il peut y recevoir certains courtisans ou certains ambassadeurs, comme le faisaient ses prédécesseurs. C’est dans cette chambre que meurt Louis XIV, le 1er septembre 1715, après soixante-douze ans de règne.

Occupant un espace de près de 90 m² et d’une hauteur sous plafond de plus de 10 m, cette pièce est habillée d'un très riche décor recouvert d'or en tout point. Le fastueux décor de brocart d’or et d’argent sur fond cramoisi de la chambre est agrémenté d’une cheminée de brèche violette. Cette dernière est remplacée et doublée sous Louis XV en raison de la difficulté à maintenir une température supportable dans ce vaste volume. Les murs comportent également des tableaux de Maîtres issus de la collection royale. Nicolas Coustou réalise l’allégorie en stuc de La France veillant sur le sommeil du Roi au-dessus du lit. Attenant et ouvert sur la galerie des Glaces, le cabinet du Conseil enlève à la chambre du roi une partie importante de sa fonction politique. Peu enclin à respecter le spectacle contraignant de l’étiquette sans se résoudre à son abandon, Louis XV fait aménager une chambre à coucher dans ses petits appartements.

 

 

Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, chaque château possède sa propre « chambre du roi ». La raison est simple : pouvoir recevoir le roi en cas de passage. Si cette dernière illustre surtout une tradition ancienne qui peine à masquer son caractère féodal, la chambre du roi dans un château privé est bien une réalité matérielle et physique concrète. Certaines chambres datant du XVIe siècle comportent encore des peintures murales ornées de fleur de Lys jaune d'or sur un fond bleu roi. Les exemples que nous pouvons citer datant du XVIIe siècle sont plus spectaculaires. La chambre du roi au château d’Oiron présente un décor d'une grande richesse caractéristique de la première moitié du XVIIe siècle. Ce décor est constitué d’une cheminée monumentale à la hotte sculptée, de poutres et de solives sculptées, peintes et dorées, et enfin de panneaux de boiserie muraux particulièrement ouvragés.

Plus ambitieux encore sont les programmes décoratifs réservés à la chambre du roi au château de Maisons, bâti par François Mansart en 1646, et à celle du château de Vaux-le-Vicomte, édifié à partir de 1656 pour le surintendant des finances, Nicolas Fouquet. En réalité il s'agit plus de rendre hommage au roi que de le recevoir réellement. Cette pièce jouit ainsi d'un grand intérêt décoratif et prend place au cœur de l'enfilade des appartements. Elle ne reste pas pour autant close et sans vie mais contribue, bien au contraire, au prestige du maître des lieux. Tel est le cas également au palais Rohan à Strasbourg, édifié au début du XVIIIe siècle par l'architecte Robert de Cotte. La chambre du roi qui y prend place arbore un décor d'un faste équivalent à celui déployé à Versailles. Maintenue un temps après la mort de Louis XIV, cette tradition finit par se perdre sous le règne de Louis XV, ce roi « mélancolique » qui ne voyage pratiquement qu’à travers ses propres résidences.

 

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