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29.03.24

De l’or sur les murs

 

De l’or sur les murs

 

Avez-vous remarqué à quel point les murs de la chambre du roi Soleil à Versailles brillent de l’or dont ils sont recouverts presque intégralement ? Et pourtant, saviez-vous que si la quantité d’or utilisée est impressionnante, la technique de recouvrement par feuilles d’or est un savoir-faire qui vise l’économie ? En effet, de nombreux sculpteurs ont, pour diminuer le coût de leurs œuvres, développé la technique du bois sculpté et doré à la feuille d’or. Qu'auraient pu coûter des décors intégralement réalisés en or ? Des sommes astronomiques, c'est certain. L'ambition était bien d'imiter le travail des orfèvres. Heureusement qu'il en fut ainsi, car il est tout aussi certain que l'or massif aurait été réemployé, à l'image du mobilier d'argent de Louis XIV, intégralement fondu pour financer ses propres campagnes militaires, faisant disparaître à tout jamais des trésors inestimables.

 

D’une épaisseur de plus en plus fine, l'or apparaît d’abord sous forme de plaques, puis épouse en feuilles d’à peine quelques microns les moindres détails nés du ciseau à bois. Le bois étant un matériau poreux et vivant, plusieurs étapes sont nécessaires avant l’application de l’or. Ainsi, l’application de plusieurs couches d’apprêt (jusqu’à neuf parfois) permet, une fois lissée, d’atténuer le dessin des fibres du panneau de bois. Puis plusieurs procédés peuvent être employés pour fixer l’or en fonction de la destination de l’ouvrage servant de support. La dorure à l’eau est la plus courante car elle permet de créer des effets brillants et mats grâce à la couche d’assiette qui s'intercale entre l’apprêt et la feuille (technique développée à partir des années 1300).

 

 

Si l’utilisation de l’or en décoration est réservée aux dieux sous l’Antiquité puis à l’iconographie religieuse pendant la période gothique, c’est vers la fin du XIVe siècle que les lambris des demeures se parent d’or. L’or est préféré à l’argent ou au cuivre pour son absence d’oxydation, la constance et la chaleur de sa couleur, et enfin l’éclat incomparable de ses reflets. Utilisé en grande quantité, l’or démontre la puissance du propriétaire des lieux et donne un aspect vivant à la décoration. Usé avec modération, sa teinte chaude vient souligner et mettre en valeur les éléments délicats des boiseries. 

 

Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, l'or n'apparaît que dans les pièces de réception et de compagnie, jamais dans les circulations ni les vestibules, noblesse oblige. Les murs du grand salon sont souvent habillés de boiseries blanches aux filets d’or. Les panneaux de dessus de porte et les trumeaux de cheminée traités en bas-relief sont les plus décorés. Le mobilier n’est pas en reste. Consoles, fauteuils, candélabres, cadres et encadrements de glace voient leur âme de bois couverte du métal des dieux. Puis, durant une grande partie du XIXe siècle, les moulages en plâtre recouverts d'argent et de cuivre vernis imitant l'or permettent de réaliser des décors grandioses d'une ampleur encore jamais atteinte. Les surfaces à dorer sont telles que l'or n'est réservé que pour les éléments à hauteur d'homme. L'un des exemples les plus spectaculaires réalisé sous le Second-Empire est le grand foyer du Palais Garnier. Présent par touche dans la décoration du XXe siècle, l'or sur les murs continue de fasciner et rappelle combien la lumière qu'il renvoie de sa douce couleur est précieuse.

 

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